Choisissons le Christ.
Pour bien comprendre l’enjeu de ce qui se passe dans ce passage, il faut avoir en tête le dialogue précédent entre Jésus et Pierre. Jésus avait suscité, de la part de Pierre, le témoignage de sa foi en Jésus. Pierre reconnaît en Jésus « le Christ, le Fils du Dieu vivant ! ». L’expression de sa foi, a elle-même, été une source d’admiration de Jésus et un appel à avoir une place particulière dans l’Église.
Cette situation initiale contraste avec le passage que nous recevons ce dimanche. Jésus annonce qu’il devra souffrir la Passion. Le Messie est bien différent du messianisme très humain tant espéré. Pierre lui-même, malgré l’acte de foi précédemment exprimé, doit encore corriger son regard sur Jésus. Pierre se révolte contre Jésus : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » Et nous-même, nous pouvons être mal à l’aise face à cela. Nous aussi, nous pouvons être révoltés que le Fils du Dieu vivant soit confronté à la torture et la mort. Nous préfèrerions que la révélation de Dieu réponde à nos attentes. Nous attendrions que les exigences de l’Évangile viennent simplement prolonger nos désirs humains d’épanouissement. Sans cesse renaît pour nous la tentation d’imaginer Dieu comme satellite de l’homme, au service de l’homme pour répondre au moindre de ses désirs ; or Dieu reste Dieu quand il s’approche de l’homme. Nous préférerions un Christ sans mystère, sans histoire et sans croix, qui serait passé, dans un sourire, de Nazareth à la résurrection. Nous préférerions Béthanie sans le calvaire, les Béatitudes sans les renoncements, le salut sans le pardon.
Jésus va plus loin, il nous associe à sa Passion. Nous ne sommes pas comme Simon de Cyrène à porter la croix du Christ, nous prenons chacun d’entre nous notre croix. Pour être les disciples du Fils du Dieu vivant, nous devons changer notre manière de vivre comme le Christ nous y invite, et ne plus vivre à la manière du monde. Ce que le Christ nous demande, c’est de creuser un sillon de bonté, et d’aller à Dieu humblement par le chemin du don de nous-mêmes. Là est la paix, là est la joie, car c’est le choix qu’a fait le Christ pour réussir l’homme.
p. Serard+, curé